Le Sang versé, Asa Larsson, Albin Michel

À 145 kilomètres du cercle polaire, dans l’atmosphère crépusculaire du grand nord, un petit village aux environs de Kiruna, ville natale de l’avocate, est sous le choc : le pasteur de la paroisse – une femme – vient d’être assassiné. En mission là-bas pour son cabinet d’avocats, Rebecka remonte la piste de cette affaire qui réveille le souvenir traumatisant d’un autre meurtre…


Surprenant, est le premier mot qui me vient à l'esprit pour caractériser ce roman. Le fin fond de la Suède, des personnages énigmatiques, un crime atroce, des cauchemars qui remontent à la surface et l'ombre d'une louve. 
Pourquoi surprenant ? Ce roman, dont les critiques sont unanimement dithyrambiques, fera date. J'ai éprouvé quelques difficultés à le classer dans les romans policiers. En effet, Asa Larson a beaucoup travaillé son texte et cela se voit. Son écriture est belle, presque poétique. Le récit est lent (comme souvent chez les scandinaves), elle repousse les limites du genre. Mais ce n'est pas non plus un livre de "littérature générale". Un roman qui oscille donc entre les deux. 
Le lecteur est invité à suivre les traces de Rebecka, avocate au fond du gouffre, qui n'arrive pas à chasser de son esprit les meurtres qu'elle a dû commettre pour sauver une personne l'année précédente. Peu à peu, elle essaie de remettre les pieds au boulot par de brèves apparition dans les tribunaux. Phénomène de foire, tout le monde veut savoir ce que ça fait de tuer quelqu'un, elle en a ras le bol. Elle fuit le monde et trouve comme une bénédiction cette histoire sordide pour retourner sur les lieux de son enfance. 
Parallèlement, Asa Larsson décrit l'histoire d'une louve vieillissante mais pourtant très bonne chasseuse. J'ai été surpris là-aussi de ces chapitres qui venaient s'intercaler de manière ponctuelle dans le récit principal mais finalement, j'avoue avoir pris du plaisir à suivre Gula Ben. Même si encore aujourd'hui, je pense que cela n'apporte pas grand-chose au récit. Il y a bien l'ex-policier qui chasse, le pasteur chasse aussi et... quasiment tous les hommes qui chassent et qui se retrouvent de fait confrontés aux femmes menées par la pasteure, les magdalena, qui revendiquent ce territoire. 
Bref, on entre là dans le coeur du village, de ses amitiés, de ses rancoeurs et de ses haines. 
Je suis déçu en revanche par les personnages des deux policiers principaux qui malgré une humanité certaine et un quotidien banal (on voit l'enquêtrice fasse à son désordre ménager) manquent un peu de profondeur à mon goût. J'aurai aimé en savoir plus sur eux. 
La fin est terrible, saisissante et émouvante. 
Le sang versé est donc un roman fort et puissant qui pourra aussi ravir ceux qui ne sont pas habituellement friands de polars. 
Disponible chez Albin Michel. 

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