L'inconnue de Bangalore, Anita Nair, Albin Michel

Bangalore, la cosmopolite Silicon Valley indienne, s’apprête à célébrer la première nuit du Ramadan. Le quartier musulman de Shivaji Nagar brille de mille feux lorsqu’un jeune prostitué est attaqué et brulé vif dans une ruelle sordide… Confiée à l’inspecteur Borei Gowda, quinquagénaire désabusé, l’affaire ne fait que commencer. Un nouveau meurtre similaire est bientôt perpétré, et les témoins évoquent la présence sur les lieux d’une créature d’une grande beauté. Une première piste ?
Après Compartiment pour dames et Quand viennent les cyclones, la romancière Anita Nair dévoile avec ce suspense une nouvelle facette de son talent. Sur fond de corruption et de magouilles politiques, L’inconnue de Bangalore nous immerge dans les réalités controversées de l’Inde contemporaine, ses castes, ses fêtes religieuses, ses cinémas porno, ses policiers apathiques et ses créatures ambigües. Une fresque magistrale sur un pays en pleine mutation, écartelé entre tradition et modernité.




Troublant. Surprenant. Exotique. Prenant. Voici quelques uns des qualificatifs dont j'affublerais volontiers ce roman venu de l'Inde.
Le cadre est original. Peu d'ouvrages de ce genre se déroulent dans ce pays dont les moeurs et la culture sont très éloignés des nôtres. Anita Nair décrit avec précision et brio les relations qu'entretiennent les personnages entre eux et que l'on ne retrouve pas chez nous. Par exemple, l'adjoint qui sert tout au long du récit du "monsieur" avec toutes les précautions d'usage illustre une société respectueuse de la hiérarchie qui n'est pas sans rapport avec le système des castes. Système dont on sait qu'il détermine la vie des indiens.

Ce roman est un thriller. C'est un fait. Il possède donc tous les ingrédients qu'on attend de lui. Des morts violentes, un tueur en série, des policiers, une enquête. Mais il y a plus.
Ce qui fait la force de ce roman, outre ce que je viens de dire plus haut, c'est la finesse de l'auteur. En effet, Anita Nair ne veut pas tomber dans le gore et ses descriptions restent donc subtiles et pondérées. La scène de l'autopsie ou les scènes de meurtres ne virent pas à la caricature et rien que pour ça, on peut en remercier l'auteur.

Pour ma part, il m'a fallu quelques dizaines de pages avant de bien rentrer dans l'univers d'Anita Nair. Parce que je ne connais pas particulièrement l'Inde, ses coutumes ou sa culture. Mais une fois passé ce premier sentiment de ramer pour tout comprendre, j'ai pris énormément de plaisir à suivre les pérégrinations de Gowda, enquêteur génial mais bourru et qui n'attire pas forcément la sympathie.

Enfin vous l'aurez compris, L'Inde a une grande place dans ce livre. On pourrait transposer de nombreux thrillers dans des pays ou des villes différentes que ceux où ils ont lieu, cela n'aurait aucune espèce d'importance. On ne verrait rien de particulier. Ici, c'est le contraire. Le récit est empreint de cette culture indienne et l'on ne pourrait l'y déraciner. C'est une autre des forces de ce livre que je vous recommande vivement.
Disponible aux éditions Albin Michel.
http://www.albin-michel.fr/

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