Sale temps pour le pays, Michaël Mention, Rivages.

1976.
Une vague de meurtres touche le nord de l’Angleterre ; les victimes sont des prostituées. La police locale est sur les dents. Un homme clé pour diriger l’enquête : l’inspecteur George Knox, personnage austère, «gueule à la Richard Burton », états de services légendaires. Secondé par le détective Mark Burstyn, Knox se lance à corps perdu dans cette affaire qui tourne pour lui à l’obsession, tandis que sa femme Kathryn est en train de mourir d’un cancer. Le temps passe et plus le tueur semble jouer avec la police en brouillant les pistes, plus Knox s’enfonce dans l’abîme. Un abîme à l’image du chaos social et politique ambiant. Bientôt, c’est comme si la traque du tueur devenait une quête dérisoire en regard de la dépression qui gagne le pays et ses habitants.
 

 
 
 

C'est avec ce roman que j'ai découvert Michaël Mention qui m'a fait l'extrême honneur de me le dédicacer. Je suis donc rentré dans cette lecture avec l'envie d'en savoir plus sur ce "Jack l'éventreur du 20ème siècle" sans jamais avoir entendu parler de lui.
On pourrait penser à du David Peace mais se serait oublier que l'auteur s'est énormément documenté, a beaucoup enquêté pour nous livrer un livre qui est à la fois un roman et une belle investigation sur une affaire qui avait défrayé la chronique dans l'Angleterre des 70's.
C'est aussi un roman noir dans ce sens où les personnages sont bien ancrés dans une réalité complexe et dépourvue de structure. Les (anti-?) héros de ce livre sont déstabilisés, perturbés par le contexte politique et économique qui marque l'arrivée au pouvoir d'une femme forte qui deviendra celle qu'on a surnommé la dame de fer. Ils avancent sans trop savoir comment, sans trop savoir vers où elle va les amener. En tout cas, ce sera vers une nouvelle Angleterre. Mieux ou pire ? C'est dans cette interrogation que le titre du livre prend tout son sens.
J'ai vécu avec Knox, j'ai souffert aussi avec lui. J'ai apprécié la finesse de Mark et le côté bourrin de Caine et l'amitié du chef de la police. On ressent donc le travail de l'auteur sur des personnages terriblement humains. C'est fort, puissant et parfois émouvant comme ce chapitre du cimetière où la sensibilité de chacun est décuplée.
"Sale temps pour le pays" se lit (trop) vite, les chapitres sont courts et invitent à tourner les pages mais lorsque je l'ai refermé, j'étais époustouflé.
Je souhaite donc à Michaël Mention une belle et longue carrière.

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